En un mois, le Chef de l’Etat s’est rendu à trois mosquées situées dans des quartiers populaires au Kram et à la cité Mohamed-Ali à Carthage. Le Président est toujours dans la continuité, fidèle à ses principes, plus proche du citoyen et de ses problèmes que le sont les partis politiques dont certains tentent de le tacler et le discréditer. D’une pierre, plusieurs coups.
En quelques jours, le Président de la République s’est rendu durant le mois de juin à trois mosquées situées dans des quartiers populaires qu’on peut qualifier de « hautement sensibles » et qui sont caractérisés par la marginalisation des jeunes et la hausse du chômage. Un terrain bien fertile pour la montée de la délinquance, la criminalité et l’extrémisme religieux. Rien, ou presque, n’a été fait depuis des années et à ce jour dans ces quartiers où malheureusement seul le nombre de cafés est en nette augmentation.
Du Kram à Carthage
Lors de sa première visite (si on peut la qualifier ainsi), il s’est rendu à la mosquée Hamza, située au Kram-Ouest où il a effectué la prière du vendredi. Une visite non annoncée qui a pris de court tout le monde. Arrivée sur place au moment du prêche et entouré de ses gardes du corps, le Chef de l’Etat a pris place à l’intérieur de la mosquée le plus tranquillement du monde. Quelques jours plus tard, il se rend à une deuxième mosquée située à la cité El Frachich au Kram-Ouest. Une zone non moins sensible que la précédente où il a accompli la prière du vendredi.
La troisième sortie, nocturne cette fois, du Président l’a mené à une mosquée située à la cité Mohamed-Ali où il a effectué la prière d’Al-Icha. Encore une zone populaire mais qui relève cette fois de la commune de Carthage et non de celle du Kram. A son aise dans le rôle d’un président qui se veut très proche de son peuple, il se laisse filmer, n’hésite pas à écouter les doléances de certains. Le face-à face avec le citoyen est primordial pour l’élu du peuple avec plus de 72% de voix. Mais le Président n’ignore pas l’impact de la marginalisation sur les jeunes dans ce quartiers et notamment au Kram-Ouest. Le nombre élevé de personnes tombées en martyrs lors de la révolution de 2011 ne peut que témoigner de la situation de détresse et de désespoir dans laquelle ils vivaient.
Rien n’a changé, excepté cette liberté de parole. Un goût d’inachevé pour les jeunes en quête d’emploi et de dignité. Le rêve a été brisé pour d’autres qui ont été pris dans l’étau du terrorisme après la révolution. Les mosquées dans les quartiers populaires et surtout celles de Hamza et d’El Frachich au Kram-Ouest ont quasiment servi de « base arrière » et de « centre de recrutement pour les jihadistes envoyés en Syrie et en Libye » depuis 2011 et jusqu’à 2013. C’est-à-dire durant la période de la Troïka. L’un des kamikazes de l’attaque terroriste qui a visé l’ambassade américaine en mars dernier se rendait couramment à la mosquée Hamza au Kram-Ouest. Et c’est à partir de ce même lieu que la majorité des assaillants de l’ambassade ont pu partir suite à un prêche galvanisant.
« Plutôt mourir que de vivre sans dignité »
Les facteurs de marginalisation et d’exclusion ne peuvent que conduire au terrorisme et à la criminalité.
Dans une vidéo postée sur la page officielle de la cité Mohamed-Ali Carthage au moment de sa visite à la mosquée le 28 juin dernier, le Président Kaïs Saïed fait passer un message bien important en soulignant qu’il est issu d’un quartier populaire et rappelle qu’il n’est pas de nature à manquer à ses principes. « Plutôt mourir que de vivre sans dignité », martèle-t-il. Et d’ajouter: « Il y a de la douleur mais on vaincra. On va vivre dans la dignité en dépit des conspirations qui se fomentent autour de nous et se dresser contre tous ceux qui renient les revendications du peuple. Je suis et je resterai avec vous ».
Trois visites à trois mosquées situées dans des quartiers populaires au Kram-Ouest et à Carthage. Le président est toujours dans la continuité, fidèle à ses principes, plus proche du citoyen et de ses problèmes que le sont les partis politiques dont certains tentent de le tacler et le discréditer comme ils l’ont fait devant l’ambassade de Tunisie en France. Immuable, n’adhérant à aucun parti politique, hormis celui du peuple, il prône toujours une nouvelle perception de la gouvernance et le changement du régime politique. Ses détracteurs le taxent de populisme. Pour eux, les coups bas sont permis en politique et la diplomatie parlementaire peut se substituer à la diplomatie officielle.
« Je n’aime pas que l’on me marche sur les pieds ». La mise en garde est lancée par Kaïs Saïed plus proche du peuple dans les mosquées que n’importe quel autre responsable de l’Etat. Il jouit aujourd’hui de la légalité et de la légitimité populaire.
En un mois, il s’est rendu là où aucun autre président dans l’histoire de la Tunisie, que ce soit de la République, de l’Assemblée du peuple ou du gouvernement, n’a osé mettre les pieds. D’une pierre, plusieurs coups. Au risque de choquer d’autres responsables, on ne prie pas à la grande mosquée El Abidine de Carthage (Malek Ibn Anes après la révolution) si on veut être plus proche du peuple.
« On ne tient pas de réunions secrètes », a tenu à confirmer le Président de la République après avoir effectué sa prière à la mosquée de la cité Mohamed-Ali. A bon entendeur …
Ismail Ben Abdelghaffar
30 juin 2020 à 14:51
Il aurait été plus judicieux de mettre « la mosquée Malek Ibn Anes de Carthage (El Abidine avant la révolution) » et non le contraire. Sinon, merci pour l’article.